Le 18 juillet 1944, le général Montgomery lance, à l'est de Caen, l'attaque la plus massive qu'aient jamais menée les Britanniques depuis le début des opérations en Normandie.
La moitié de la IIe Armée y prend part : trois divisions blindées et une division d'infanterie britanniques et une division d'infanterie canadienne, ce qui représente 75 000 hommes, 1 300 chars et 750 canons.
De leur côté, les Allemands s'attendent à cette attaque. Les positions sont tenues par une division de la Luftwaffe au sol, deux divisions d'infanterie, trois divisions blindées dont l'une composée de chars Tiger. Ces unités, très amoindries, comptent entre 30 000 et 40 000 hommes, 200 chars et 570 canons et lance-fusées.
À 5 heures du matin, un bombardement gigantesque est déclenché pour tenter d'anéantir les défenses allemandes. 2 000 avions déversent pendant près de trois heures 8 000 tonnes de bombes. Comme les villages et hameaux des environs, Cagny est à la fois l'objet des bombardements aériens et la cible des tirs d'artillerie intermédiaires et lourds ainsi que des obus de marine, dont certains creusent des cratères de 15 mètres de diamètre. A lui seul, le village reçoit 650 tonnes de bombes, ce qui représente une tonne de bombes sur 400 m² !
Cagny après les bombardements (c) University of Keele UK
Les dégâts sont considérables. De nombreux engins allemands sont mis hors de combat. Le choc psychologique de cette terrible épreuve marquera les soldats allemands pendant longtemps.
Jusqu'à 10 heures 30, la progression se fait plutôt bien. Le 2e Fife and Forfar Yeomanry (11e DB) a progressé jusqu'à la voie ferrée Caen-Paris sans incident particulier. A ce moment, le 3e escadron, qui est au nord de Cagny, est décimé par une batterie de 88 mm allemande épargnée par les bombardements. Un peu plus tard, les chars lourds allemands (Mark IV et Tiger) venus de Manneville tentent deux contre-attaques sans succès immédiat. Mais la progression est stoppée.
Ce n'est qu'à 16 heures que le bourg de Cagny, ou ce qu'il en reste, passera aux mains des hommes de la British Guards Division. Le front se stabilisera ensuite entre Cagny et Frénouville.
Dans l'axe de l'attaque, après de durs combats à Hubert-Folie et Bourguébus en particulier, les chars de la 7e Division Blindée Britannique n'atteindront la crête de Bourguébus que le lendemain soir.
Le 20, un orage violent et prolongé s'abat sur la région, des trombes d'eaux noient le champ de bataille en même temps que les espoirs britanniques. L'opération Goodwood fait long feu. La progression sur le terrain est assez faible, mais les pertes en hommes du côté britannique sont assez limitées. Par contre, les pertes en matériel sont énormes. Sur 1 000 chars engagés, 400 sont hors d'usage dont 250 irrémédiablement.
D'un point de vue tactique, l'opération Goodwood est loin d'être un succès. Mais, d'un point de vue stratégique, la conséquence immédiate est le déplacement sur cette partie du front d'une importante partie des moyens allemands, soulageant du même coup le front des Américains qui, dès lors, progressent beaucoup plus vite.
Cagny, village meurtri
Durant le mois qui suit, Cagny et ses environs sont le théâtre d'hostilités continuelles entre les unités d'infanterie britanniques et allemandes.
Les Cagnais n'auront rien vu de la libération de leur village. Le 13 juillet, sur ordre des Allemands, la totalité des 450 habitants l'évacuent.
Sept semaines plus tard, ils le retrouvent complètement dévasté. Sur 110 maisons, 100 sont complètement détruites, 10 le sont partiellement.
De semaine en semaine, les sinistrés reviennent. Totalement démunis, ils sont secourus par des œuvres caritatives. Ils se logent au début dans les maisons sommairement réparées et dans des "baracatastrophe" de 6 m², puis dans des baraquements plus confortables.
En 1948, la commune se voit décerner la "Croix de guerre". Elle est citée à l'ordre du Régiment : "Village détruit aux neuf-dixièmes lors des combats à l'est de Caen".
Les différents projets de reconstruction aboutissent, en 1950, au déplacement de la route de Paris d'une trentaine de mètres vers le sud. Cette route est doublée de deux voies de desserte, celle du nord, l'allée Saint-Germain, empruntant approximativement le tracé de l'ancienne route de Paris.
L'élevage de chevaux, qui faisait la réputation du village avant la guerre, est abandonné. Une sucrerie est construite en 1950.
Avec la restauration de l'église, la construction de la nouvelle nef et du Foyer Rural, la reconstruction de Cagny se termine en 1960.
Le château avant les bombardements
Le château après les bombardements
Dessin réalisé par le jeune Raymond, 14 ans en 1944. Un Tommy arrive en faisant le "V" de la victoire. Il ne porte pas une arme, mais une pelle. Malheureusement il marche sur une mine qui explose...
Cagny avant les bombardements
Cagny en 1950
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